Littérature
BIVOUAC GENERIK VAPEUR
BIVOUAC : spectacle de rue – dix ans de parcours dans le monde entier – est une création de la compagnie Générik Vapeur. Une histoire simple, 16 comédiens qui se multiplient à l'envi jusqu'à grossir la troupe de 20, 50 voire une centaine de personnages supplémentaires, 102 bidons, 4 musiciens… et la fin d'une journée ordinaire en centre ville, quand soudain, sur étendard sonore, un déboulé de petits hommes et femmes bleus... « ils prennent la ville à revers et détournent les rues, les fontaines, les bans publics et les statues. Ils cherchent un lieu qui leur ressemble, une pyramide, quelque part, signalétique du rassemblement puis du dépassement. Ils s'évanouissent comme ils sont arrivés, dans la musique ».
INTRODUCTION À L'URBANISME
C'est en homme nourri de traditions que Marcel Poëte, né en 1866, aborda l'interrogation fondamentale et nouvelle de l'urbain. Si avant lui il y eu des historiens de la ville, ils se bornaient à décrire la ville en tant que phénomène laissant à la littérature l'ineffable ; alors que Poëte extrait tout simplement l'ineffable des phénomènes. S'il ne quitte pas le domaine de l'étude c'est pour nous faire percevoir l'impalpable qui fait notre ordinaire. Il raconte la ville comme instance des cultures s'il en est. Il aurait pu en rester là en nous livrant une analyse globale et spécifique de cet objet dénommé ville. Il préféra s'affronter à cette énigme toujours pas résolue : la ville est tout ce qui n'est pas encore elle. Ce qui se lit dans l'hier et l'aujourd'hui, permettra ou interdira le demain.
La ville (la chose, l'objet) est dans la Cité (l'idée sociale) dont est issu l'urbain (manière d'être, l'altérité) que nous pourrions par des mots actuels traduire par la politique (la polis), l'objet et la vie quotidienne. Contempler n'est pas pour lui suffisant, alors il franchit le pas afin de concevoir une discipline susceptible de réfléchir et de projeter la ville.
LA CRUAUTÉ DE MARS
Écrit du mois de mars 1999 au mois de mars 2000 – d'où son titre –, cet ouvrage constitué de courtes satires fait référence à la cruauté et à l'absurdité de l'Homme désarmé, malgré tout, face à son propre désarroi.
« Tu lui dirais alors noblement oui de l'estocade tu meurs c'est beau et le taureau sonderait fier le regard qui ternit le souffle qui s'éteint sous le ciel imparable du soleil sévillan il couperait alors les oreilles et la queue – les couilles du héros en bouquet dans sa bouche séchantes – de ces trophées muni dans son enclos enfin ferait le signe de la croix. » J.-M S
LA LIGNE CONTRAINTE
Avec gravité et humour une femme se livre, au passé, au présent, et jusque dans sa mort dont elle est à la fois partie prenante et spectatrice, à l’exercice introspectif, et parfois même jubilatoire, du voyeur en confrontation à d’autres lui-même en certains états de sa vie.
LES HABITANTS DE LA LUNE
« Les Habitants de la lune » est un roman d'urbanisme avec deux débuts possibles, selon que l'on pense que l'on va vers la ville ou que l'on vient de la ville, chacun pouvant être la fin de l'autre.
FRAGMENTS SUR LA VIE MUTILÉE
Jean-Michel Palmier est décédé des suites d'un cancer le vingt juillet 1998 à l'âge de cinquante-trois ans. Dans cet ouvrage il lègue des fragments bouleversants de sa vie « mutilée », l'auteur parcourt l'ultime chemin de son dernier exil.
NOTES EN VOYAGEANT
« L’inexorable machine d’acier (cette vieille image, cet évident cliché) ne prendra vie qu’avec la vitesse, elle nourrit des arrachements. Brise, disloque le temps. Elle kidnappe les êtres, les affole.
Une image me revient constamment. Ce sont souvent les femmes qui restent sur le quai, souvent roides, trop dignes.
La machine rafle les pleurs aux larmes qui ne s’écoulent pas.
Elles remplissent les yeux qui deviennent brillants. Eaux stagnantes du départ. La brutalité de l’air réessuie le visage, fait couler l’eau de la peine. Comment les hommes retiennent-ils l’arrachement ? Moi, je serre les dents. Mon visage devient douloureux, impossible à remuer. Je suis aussi statique que le train arrêté. Il m’est arrivé de mouiller les yeux. Le train n’a rien fait couler. On a perdu l’habitude de pleurer. H. T.
IM - QUI A SON MOT À RETIRER SUR TOUT… AFFIRME QUE L'AN 2000 NE PASSERA PAS
À l'aube des années soixante-dix, la proclamation, le manifeste étaient ce qui représentait le mieux l'époque qui disparaissait après les turbulence de Mai-68.
À l'orée des années soixante – dix pointait un nouveau soleil d'Austerlitz : un deuxième millénaire qui, quelque trente ans en avance, commençait à attirer et à se substituer sous le prétexte de déception créée par des mouvements sociaux dirigés sans vergogne par des être cyniques aux idées dites de libération finissant par choir dans le mysticisme, le sectarisme et le millénarisme.
Dans la joie, l'I.M (l'internationale merdique), parole ‘pataphysique, dans cet ultime manifeste (distribué en douce aux amis en 1972), que nous (re)publions aujourd’hui les affubles d'idiotie « sectiste » et, finalement, d'idiotie sectaire.
Le sujet final (comme la lutte finale) s'articule autour de l'aspiration de l'analyse de l'An 2000 ; et le seul moyen de se défendre contre l'ultime humiliation et soumission aux mots dont les conséquences sont (et furent) terribles est, l'espoir alors renaît, que l'An 2000 ne passera pas !
OMBRES EXQUISES
Parfois un je, un tu se croiseront dans les textes. Est-ce un tu-Jean-Baudrillard, et un je-Hubert-Tonka ? Cette détermination n'est-elle pas réversible dans le mesure où ce n'est pas une substitution de rôle ? « Quelconque de ma part la parole me garde mieux que le silence », Francis Ponge.
À l'impossibilité de m'expliquer je renvoie sans cesse. Atteindre le silence qui envahit ton bouquin. Le vent n'est plus une insulte. / La solitude n'est pas une épreuve. / J'ai appris à entendre, cela au mépris de mon regard. Le regard d'habitude d'être au monde. As-tu trop d'espoir, n'est-ce pas à moi que s'adresse cette remarque ? / Finalement on est trop fragile.
LA PART DES ANGES
« Aujourd’hui Kenneth, Ken, nous a quittés, que pourtant jamais sa voix ne se taise ; au cours de l’automne 1996 il nous avait apportés, avec un semblant de désinvolture avec toujours son air de mine de rien de s’en foutre et de dire sans le penser ça-n’a-pas-d’importance, cinq courts poèmes, fausse indifférence vous-en-faites-ce-que-vous-voulez ! Pourquoi ceux-là et non pas d’autres ? Peut-être parce qu’un écrivain, tout comme un père, parfois s’attarde d’autant mieux au goût de la préférence ! Ses poèmes nous plaisaient ; écrits en mots de demi-teinte, et comme lui, à peine dévoilés, ils taillent, cisèlent, creusent le corps profond de la matière en détachent la déchirure, et l’idée d’une publication était là, la chose entre nous fut promise et nous avions tout notre temps, le temps du moment propice, et puis... le temps à notre insu est venu, nous rendons aujourd’hui hommage à Kenneth Hylton. » J.-M. Sens